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Le chantier qui a mal tourné et pourquoi j’ai arrêté la Goutte Verte

Photographie dramatique en noir et blanc d'un artisan assis au milieu d'un chantier en ruine, la tête entre les mains, les yeux fermés. Un éclair symbolique sort de son crâne, représentant un stress intense. Autour de lui, des seaux de plâtre, des outils et un sac de chaux sont dispersés sur un sol poussiéreux. Les murs derrière lui sont fissurés et délabrés, reflétant la frustration et l'épuisement mental face à la difficulté du travail. L'image capture le sentiment d'être submergé sur un projet qui a mal tourné.

En 2023, j’ai décidé de franchir un cap et de m’attaquer à de plus gros chantiers. J’avais suivi des formations en chaux-chanvre et en enduits fins les deux années précédentes, et un client m’a contacté pour une offre qui semblait faite pour moi : isoler et enduire tout le rez-de-chaussée de sa maison, soit le salon, la cuisine, la salle de bain et une chambre. Un très gros projet ! J’étais ravi que l’opportunité se présente. Mon cœur de métier, la projection de chaux et la peinture écologique, était désormais plus dirigé vers le chaux-chanvre et les enduits, des techniques qui donnent vraiment l’impression d’être un créateur.

Je sentais le client très exigeant sur les prix, mais je voulais tellement ce chantier, car c’était ce que j’aimais le plus faire. Matériel compris, le vrai prix avoisinait les 18 à 20 000 €, dont 7 à 8 000 € de matériaux. Je l’ai descendu à 12 000 € pour être sûr de l’avoir. Ce fut ma première grande erreur : ne jamais descendre un prix drastiquement, car si les choses tournent mal, vous serez en grande difficulté. Et c’est exactement ce qui m’est arrivé.


Une cascade de mauvaises décisions

Représentation allégorique d'une cascade de mauvaises décisions, montrant des dominos tombant en une séquence désordonnée et inefficace. Chaque domino est relié par des fils ou des racines entrelacés qui symbolisent la complexité et l'interdépendance des choix, conduisant à un enchevêtrement chaotique à la base, au lieu d'une ligne droite. La palette de couleurs est sombre, évoquant la gravité de la situation.

Le chantier était à 500 km de mon domicile, en Bretagne. J’y ai séjourné plusieurs mois. C’est d’ailleurs parce que j’avais encore mon adresse Google Maps là-bas que le client m’a contacté. Ce fut ma deuxième grande erreur : pour un chantier de grande envergure, ne jamais être trop loin de son domicile. S’il y a un problème, vous devrez payer une location pour revenir et réparer.

Le chantier devait commencer fin mai et je m’étais donné un mois, jusqu’à fin juin, pour tout finir avec un rythme de « titan ». Ce fut ma troisième grande erreur : si vous travaillez loin de chez vous, ne prévoyez pas une fin de chantier près des vacances scolaires, car à partir de juillet, le prix des locations double.

Dès le début, les choses ont mal tourné. Le client m’a appelé quelques jours avant mon départ pour me dire que le début du chantier serait reporté, les maçons n’ayant pas fini leur travail. Au lieu de m’opposer à cette décision et de proposer un avenant, ce que j’aurais dû faire, j’ai joué la carte du « cool, pas de problème ». J’étais un peu impressionné par ce qui était mon premier gros chantier à plus de 10 000 € et je ne voulais pas faire de vagues.


Le combat sur le chantier

Image allégorique d'un conflit sur un chantier de construction. Au premier plan, un contremaître aux bras croisés et au visage fermé fait face à deux autres ouvriers, l'un gesticulant avec une clé à molette, l'autre regardant le sol avec lassitude. Des outils cassés comme un ruban à mesurer brisé et un marteau au manche fendu se trouvent entre eux, symbolisant le dysfonctionnement. Le mur derrière les personnages est fissuré, évoquant les tensions et le manque de communication. L'éclairage dramatique accentue les ombres, renforçant l'impression de confrontation et de désaccord.

Quand je suis arrivé avec deux jours de retard, j’ai découvert la présence de trois artisans « moldaves » qui vivaient chez le client dans des conditions précaires. J’ai tout de suite senti que nous n’avions pas la même mentalité. Moi, je travaille avec le respect des matériaux et de l’environnement, eux jetaient leurs cigarettes dans la maison, et leur musique rap à fond me dérangeait en permanence. Pour le plus jeune, il avait à peine 18 ans et un cocard énorme. J’ai aussi eu la désagréable surprise de le voir couper des poutres métalliques en claquettes, sans aucune protection.

J’ai appris que ces artisans avaient été employés par un cabinet d’architecte qui faisait soi-disant des appels d’offres pour choisir les meilleurs artisans. J’ai eu la conviction profonde que la majorité de leurs chantiers était sous-traitée à cette même entreprise moldave. Sans m’intéresser à la légalité, cette situation ne me plaisait pas du tout sur le plan moral.

Je ne pouvais pas avancer à mon rythme. J’avais cinq semaines pour tout faire, c’était jouable mais très juste. Pour y arriver, je devais travailler en continu, dans chaque pièce, en respectant les temps de séchage. Malheureusement, les « Moldaves » sont restés les cinq semaines sur place, notamment dans le salon, là où j’avais le plus de travail. Ce fut un combat permanent pour avoir de l’espace.

Ma quatrième grande erreur : j’aurais dû dire « NON » tout de suite. En acceptant ces conditions, j’ai accepté de travailler sous pression et de diminuer la qualité de mon travail. C’était mon premier gros chantier, je me sentais coincé par le prix trop bas et les frais de location.

Finalement, j’ai réussi à livrer la majeure partie du travail dans les temps, quitte à faire des défauts (traces de platoir, fissures…). Ma seule victoire fut le jour où j’ai posé l’enduit et où j’ai osé dire au leader qu’il arrête sa musique car j’avais besoin de concentration. Il s’est exécuté aussitôt, et ça m’a fait du bien.

« Me voici 2 ans avant l’incident dans un vlog ou je parle de mon activité »:


La fin douloureuse et les leçons apprises

Un homme marche seul sur un chemin lumineux et futuriste, fait de lignes entrelacées, qui traverse une crevasse profonde et rocheuse. Le paysage autour de lui est aride et sombre, couvert de pierres et de racines visibles, suggérant une période difficile et la rupture avec le passé. Au loin, une lumière éclatante perce un ciel nuageux, symbolisant l'espoir et les nouvelles opportunités après avoir surmonté les épreuves. Le chemin éclairé représente les leçons tirées qui guident vers un avenir meilleur.

J’ai quitté le chantier mi-juillet, en bon terme, me disant que je reviendrais finir la seconde partie en septembre. Mais la suite a été bien plus douloureuse.

Après un mois de vacances, j’ai reçu un e-mail exhaustif avec des photos à l’appui, listant tout ce qui n’allait pas sur le chantier : des traces de platoir, des fissures, des murs non droits. Le client a sous-entendu un dédommagement financier. C’était le coup de poignard. J’ai senti tout le poids d’être seul. Ils ont attaqué mon manque d’expérience, et j’ai eu l’impression que tout mon travail ne valait rien. J’ai pleuré.

J’ai riposté avec un e-mail à la tournure juridique, en leur demandant un dédommagement pour les jours non travaillés. J’étais prêt à partir en guerre. J’ai aussitôt reçu une réponse apaisée, et nous nous sommes arrêtés là. J’ai regretté mon attitude et, quelques mois plus tard, je leur ai proposé de les rembourser 3 000 € en échange d’un accord écrit pour clore définitivement le dossier. J’ai besoin de revoir mon travail. Quand je suis revenu pour évaluer, j’ai été surpris : l’enduit avait blanchi et je le trouvais chouette malgré les défauts !

Ce que j’ai appris de ce chantier fut immense.

  • L’image professionnelle est capitale. Mon côté « bonhomme » avec le grand sourire était un atout pour les petits chantiers, mais pour les gros, cela a été perçu comme un manque de professionnalisme.
  • Pour les grands chantiers, ne jamais être seul. Les autres artisans étaient toujours au moins à deux. Le patron, en costume, passe à la fin pour tout vérifier, et cette mise en scène en impose. J’ai senti que j’étais à mon désavantage.
  • Ne bradez jamais les prix. Si vous n’avez pas le chantier, tant pis. Il faut garder des réserves, car si ça tourne mal, vous en aurez besoin.
  • Impératif : s’imposer sur le chantier. N’acceptez pas de mauvaises conditions. Faire des concessions pour une bonne entente est une erreur. Les clients insatisfaits réclameront quoi qu’il arrive.

Cette expérience a été la plus douloureuse que j’ai vécue avec la Goutte Verte. Après quelques autres chantiers, j’ai arrêté l’activité parce que je n’avais pas l’intention de m’associer et que les petits chantiers ne m’intéressaient plus. Surtout, je suis tombé amoureux du montage vidéo avec la commercialisation de formations.

J’ai ce chantier en vidéo, mais je n’ai jamais pu la publier. Si vous avez lu l’article en entier, vous comprenez pourquoi. Mais il existe un lien non répertorié, et je le partage avec les membres de la communauté autoentrepreneur.link, comme à un ami.

Pour voir la vidéo de ce chantier et les leçons tirées, inscrivez-vous à la newsletter en cliquant ci-dessous. 👇


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Cette expérience a été un moment charnière pour moi. J’imagine que, vous aussi, vous avez connu des difficultés similaires. Que ce soit en tant qu’artisan, en auto-entreprise, ou même en start-up, peu importe le domaine, il y a toujours des chantiers qui tournent mal ou des projets qui ne se passent pas comme prévu.

Cela vous est-il déjà arrivé ? Si oui, partagez votre expérience et les leçons que vous en avez tirées dans les commentaires ci-dessous, je serais ravi de vous lire. 😊👇

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